Ces aliments qui empêchent le cerveau de vieillir

Depuis les troubles légers de l’attention ou de la mémoire jusqu’aux affections plus graves comme la maladie d’Alzheimer, le déclin des facultés cognitives fait l’objet de recherches actives. Le rôle possible de l’alimentation est encore peu exploré, mais déjà certains aliments et nutriments se révè

Trous de mémoire, oublis, lenteur pour assimiler les informations, temps de réaction plus long, défaut d’attention… Une série de troubles mineurs affectent, d’après les études, entre 3 et 19 % des plus de 65 ans. Souvent réversibles, ces troubles peuvent aussi parfois préfigurer des états de démence, qui se constituent lentement. On voit alors coexister plusieurs anomalies de comportement qui entravent l’autonomie et retentissent sur les diverses activités de la vie quotidienne : conduite automobile, gestion du budget, toilette, habillage, alimentation…

Les démences pourraient concerner jusqu’à 18 % des personnes âgées de 75 ans et plus. Au premier rang, la maladie d’Alzheimer (70 % des démences), dont les mécanismes restent inconnus : on incrimine une accumulation de lésions au fil du temps, le stress oxydant, l’inflammation à bas bruit… Les démences vasculaires représentent quant à elles 10 à 20 % des démences et sont la deuxième cause de déclin cognitif. Elles font le plus souvent suite à un accident vasculaire cérébral (AVC).

Des nutriments contre l’inflammation, le stress, le risque cardio-métabolique…

Autant dire que la diminution des facultés cognitives - après les maladies cardiovasculaires et les cancers - est le troisième axe qui mobilise la recherche médicale sur les pathologies du vieillissement. A la recherche de tous les facteurs de risque ou de protection possibles. La génétique a évidemment sa part, mais les gériatres constatent aussi qu’un niveau d’éducation élevé, une profession intellectuelle, un réseau social développé, la pratique d’activités de loisir favorisent la stimulation cognitive et retardent la survenue des troubles. L’activité physique, une alimentation riche et variées, de bonnes conditions de vie, semblent aussi intervenir. A l’inverse, la dépression, le stress, l’hypertension, l’obésité, le syndrome métabolique, les troubles lipidiques, le diabète, la maigreur chronique – autant dire beaucoup de facteurs de risque - sont associés à un risque accru de démence.

L’alimentation peut jouer un rôle indirect en agissant sur les facteurs de risque métaboliques et vasculaires du vieillissement cérébral. Elle peut aussi agir sur l’inflammation et le stress oxydant. Plusieurs nutriments sont jugés favorables. Les oméga 3 : poissons gras, noix, huile de colza, etc. La vitamine C, anti-oxydante : agrumes, fraises, kiwis, épinards, brocolis… La vitamine E et les huiles végétales. Les vitamines du groupe B (viande, produits laitiers, légumineuses, pommes de terre, céréales complètes), dont la vitamine B12 (exclusivement apportée par les produits d’origine animale). La vitamine A (produits laitiers, foie, oeufs) et le bêta-carotène (carottes, brocolis, citrouille). Les polyphénols enfin : myrtilles, raisin, pomme, thé, vin, café, cacao.

Fruits, légumes, huiles et produits laitiers maintiennent l’équilibre

Au total, une alimentation équilibrée, riche notamment en fruits et légumes, poisson et huiles serait associée à une diminution du risque de démence et de maladie d’Alzheimer. On peut y ajouter les produits laitiers : en compagnie des fruits et légumes et du poisson, ils sont crédités d’une amélioration des performances cognitives globales dans l’étude française dite des trois villes (Bordeaux, Dijon, Montpellier). Inversement, si l’on en croit la synthèse [1] de 8 études réalisée en 2010, une faible consommation de produits laitiers est associée à un risque augmenté de démence. Ce que confirme une étude japonaise menée sur 17 ans : par rapport aux faibles consommateurs, les plus grands consommateurs de produits laitiers ont un risque de maladie d’Alzheimer diminué de près de 40 % !

D’autres études, dont une conduite en France [2] pendant 13 ans avec le lait, les yaourts et les fromages (notamment fermentés), montrent aussi des résultats pour le maintien des performances ou le ralentissement du déclin cognitif.

Les produits laitiers pourraient agir en limitant le stress oxydant au niveau cérébral. Chez les grands consommateurs de produits laitiers, les concentrations de glutathion (un puissant antioxydant) dans le cerveau sont élevées [3]. Le calcium et la vitamine B2 peuvent en particulier favoriser cette concentration. D’autres chercheurs évoquent le rôle possible des acides gras laitiers, des protéines laitières et de certains acides aminés comme la tyramine : ce précurseur de la dopamine est impliqué dans le fonctionnement du système nerveux central et du cerveau. Enfin, les produits laitiers sont réputés diminuer le risque de diabète, d’AVC et d’hypertension artérielle, qui sont autant de facteurs de risque de déclin cognitif. Ils ont en tout cas toute leur place dans la lutte contre la dénutrition des personnes âgées et pour le maintien d’une alimentation équilibrée, soit autant d’éléments favorables à la santé mentale.

Pour aller plus loin :
1. CNIEL. Questions sur Produits laitiers et fonctions cognitives n° 57.
2. Coley N, et coll. Clin Geriatr Med 2015; 31(3):453-464. DOI : 10.1016/j.cger.2015.04.008
3. Autres études :
- Crichton GE, et coll. Dement Geriatr cogn Disord 2010 ; 30:352-61.
- Vercambre MNL, et coll. Br J Nutr 2009 ; 102:419-27.
- Choi IY, et coll. Am J Clin Nutr 2015 ; 101(2):287-93.


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