Les sportifs qui suivent un régime cétogène brûlent 2 fois plus de graisses

Les athlètes d’endurance qui consomment peu de glucides brûlent deux fois plus de graisses qu’avec un régime glucidique classique, pour des performances identiques.

Faut-il vraiment manger des pâtes la veille d’un marathon ? Une étude parue dans Metabolism : Clinical and Experimental, semble aller à l’encontre du dogme du régime « pasta party », à base de féculents et autres glucides pour les coureurs d’endurance : des athlètes qui suivent une diète cétogène, pauvre en glucides, ont un taux d’oxydation des graisses bien plus élevé pour des performances équivalentes.

Un régime cétogène consiste à réduire les apports en glucides, et augmenter fortement les graisses, avec comme conséquences que l’organisme puise dans ses réserves de graisses : la graisse est convertie en cétones, qui peuvent être utilisées par les cellules comme source d'énergie, voire comme alternative au glucose. Ce régime est souvent accompagné de quantités significatives d'huile de coco. Les effets de la diète cétogène sont étudiés depuis des années dans le domaine de la santé, en particulier dans certaines maladies comme l'épilepsie, Alzheimer, le cancer, Parkinson...

Mais récemment, ce régime a été adopté par un nombre croissant de sportifs, qui se détournent donc des traditionnels pâtes, riz et autres surcharges glucidiques. On peut donc se demander si ce régime ne nuit pas aux performances.

Pour le savoir, une étude américaine a donc impliqué 20 coureurs d’endurance âgés de 21 à 45 ans qui faisaient de bonnes performances à des courses de 50 km et plus ou au triathlon. Les athlètes avaient des caractéristiques similaires en ce qui concerne leurs performances, leur âge, leur entraînement et leur capacité d’oxygène maximale (VO2 max). 10 d’entre eux suivaient un régime pauvre en glucides : 10 % de glucides, 19 % de protéines et 70 % de graisses. Les 10 autres avaient un régime riche en glucides : 59 % de glucides, 14 % de protéines et 25 % de graisses.

Comme il faut des semaines pour que l’organisme s’ajuste à une diète cétogène, la durée moyenne de la diète cétogène était de 20 semaines. Les tests ont duré deux jours. Le premier jour, les athlètes couraient sur un tapis afin de déterminer leur consommation maximale d’oxygène et leur pic de consommation des graisses. Le second jour, les athlètes couraient pendant trois heures sur un tapis à une intensité égale à 64 % de leur capacité d’oxygène maximale.

Résultats : le pic de vitesse auquel les graisses étaient brûlées était de 1,5 g/min pour les coureurs avec le régime low carb, soit deux fois plus que les autres (0,67 g/min). Mais il n’y avait pas de différence sur la consommation d’oxygène, la fatigue perçue ou la dépense énergétique. La contribution des graisses pendant l’exercice était de 88 % chez les athlètes au régime low carb et de 56 % pour les autres. Les taux de glycogène du muscle restaient similaires.

Pour Jeff Volek, principal auteur et professeur à l'Université de l’Etat d’Ohio, «Ces athlètes low-carb étaient des brûleurs de graisse spectaculaires. Leur pic de combustion des graisses et la quantité de graisse brûlée en courant trois heures sur un tapis roulant étaient considérablement plus élevés que ce que les athlètes avec un régime riche en glucides étaient capables de brûler. »

Cette nouvelle étude suggère donc qu’il existe une grande réserve de graisses possible lorsque les glucides manquent et que l’on a sous-estimé la quantité de graisses que les humains peuvent brûler. Le régime cétogène offrirait ainsi une alternative aux glucides pour les athlètes d’endurance. Le régime cétogène est un peu contraignant, mais il peut être savoureux.

L’idée selon laquelle un régime riche en glucides est nécessaire à de bonnes performances sportives a gagné en popularité dans les années 60 quand il a été montré que le manque de glycogène du muscle était associé à de la fatigue et qu’un régime riche en glucides pouvait maintenir le niveau de glycogène du muscle et ses performances. Mais ce modèle de pensée évolue rapidement. Il y a 15 ans, les régimes "low carb", de type Atkins, ont fait leur apparition chez les sportifs, puis, il ya une dizaine d'années, on a vu de nombreux sportifs comme Novak Djokovic adopter un régime alimentaire sans gluten, ce qui se traduit de fait par une diminution des apports en glucides. Plus récemment, c'est le régime paléo qui a gagné en popularité chez les athlètes, un régime qui n'interdit pas les glucides mais lui aussi conduit à en consommer moins. Le régime cétogène fait franchir une nouvelle étape, puisque dans ce cas les glucides de toutes origines sont fortement réduits. Déjà expérimenté il y a une dizaine d'années par des équipes olympiques américaines, il perce aujourd'hui. Alors que le régime glucidique régnait jusqu'ici en maître, on peut prédire que les athlètes vont désormais disposer d'un éventail large de modes de préparation diététique, qui vont du tout glucides au cétogène, selon le type de sport, la période de l'année (préparation ou compétition), le morphotype et bien sûr les tolérances alimentaires. De quoi donner des migraines aux diététiciens-nutritionnistes qui les suivent !

Pour aller plus loin :
Jeff S. Volek, Daniel J. Freidenreich, Catherine Saenz, Laura J. Kunces, Brent C. Creighton, Jenna M. Bartley, Patrick M. Davitt, Colleen X. Munoz, et al. Metabolic characteristics of keto-adapted ultra-endurance runners. Metabolism - Clinical and Experimental. Publié en ligne le 2 novembre 2015.


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