Yuka, mon analyse de l’application après plusieurs semaines d’essai

En tant que diététicien, je ne ferai pas l’étude de cette application communautaire sur son analyse des produits cosmétiques, mais uniquement sur les produits alimentaires.
Yuka est une application qui a pour but d’aider les consommateurs, à mieux choisir et comprendre les étiquetages.


Très ergonomique et simple d’utilisation, l’application donne envie de scanner tous les codes-barres qui sont à portée de main. Le résultat est obtenu en quelques secondes, avec un classement de votre produit et éventuellement un produit de remplacement mieux noté. Le classement est simple, il est le suivant : non noté, mauvais (rouge), médiocre (orange), bon (vert) et excellent (vert).

Que permet Yuka ?

Yuka permet de classer les produits alimentaires selon plusieurs critères de notation : teneur en protéines, calories, graisses saturées, sucre, sel, fibres et la présence d’additifs. L'utilsation de l’application permet une lecture simplifiée du tableau des valeurs nutritionnelles, mais aussi des petites lignes qui ne sont pas toujours compréhensibles par tous.

Mon test de Yuka avec des aliments de mes placards et de mon frigo

Lorsque j’analyse un produit, l’application me fournit une série d’informations présélectionnées, dont certaines sont pour moi, peu pertinentes ou insuffisantes telle :

• la valeur énergétique du produit (calories) : elle peut être considéré comme médiocre si Yuka l’estime trop calorique. N'est ni pris en compte la quantité du produit que vous allez consommer, ni le nombre de calories dont vous avez besoin.
• l’apport en sucre : "sucre" ne veut pas dire glucides totaux, donc un produit riche en glucides avec peu de sucre sera bien noté. De plus, la notation des pâtes classiques et des pâtes à cuisson rapide est identique. Hors l’index glycémique des aliments à cuisson rapide n’est pas idéal pour la satiété (vite digéré) et parce qu'il contribue à une production et une sécrétion d’insuline plus importante (favorise la prise de poids)
• l’apport en acide gras saturé : le beurre et la crème à teneur normal en graisses sont mal notés par Yuka, hors une consommation adaptée en beurre ou une autre matière grasse d’origine animale peu parfaitement faire partie d’une alimentation équilibrée
• l’apport en sel :un aliment peut-être riche en sel, cela ne veut pas dire qu’il est forcément mauvais. L’analyse est basée sur une quantité de 100g d’aliments hors, je ne pense pas que je vais consommer 100g d’œufs de truite à 3g de sel/100g)

Mon point de vue

Toutes ces données, si elles ne sont pas analysées dans le cadre d’une ration journalière (ce que l’on mange) perd une partie de son intérêt.
La limite de l’application Yuka est qu’elle ne peut pas encore analyser un aliment dans sa globalité et surtout tenir compte de l’alimentation journalière de la personne qui a scanné le produit. Un aliment qui sera donc classé médiocre ne l’est pas forcément.
Les critères de notation ne sont pas, à mon sens, encore assez précis et assez pertinents. De plus, plusieurs scans que j'ai effectués m'interpellent: l’alcool, le miel et le lait infantile ne sont pas notés, alors qu’il n’y a aucune difficulté pour analyser ces aliments. Enfin, l’application est intéressante pour traquer les additifs dans les aliments.

Un autre point me dérange, pour conserver son indépendance, l’application Yuka est en partie financée par son programme nutrition. Celle-ci comporte une formation de 10 semaines en ligne, vous proposant des conseils pour modifier vos habitudes alimentaires, des recettes dites "bonnes" pour la santé et un accès à un nutritionniste « dédié ». Hors le seul nutritionniste (diététicien) du site est Anthony Berthou (un super collègue soit dit en passant) qui a conseillé les fondateurs de l’application sur le contenu du programme, lors de la création. Mais, ce n’est pas lui qui prodigue les conseils diététiques aux clients Yuka qui adhèrent au programme, ni aucun autre diététicien. Pour ceux et celles qui ont déjà suivi des conseils alimentaires, vous saurez que si ceux-ci ne sont pas un tant soit peu personnalisés par rapport à vos habitudes de vie et alimentaires, ils ont peu de chances d’être efficaces sur le long terme. L’application Yuka flirte donc avec l'illégalité, quant à la vente de conseils diététiques. Mes collègues diététiciens et diététiciennes et notre association de diététiciens (AFDN), savent bien que seul un professionnel de la diététique (diététicien ou médecin nutritionniste) peut proposer des conseils alimentaires, sous peine d’une amende de 15 000 euros et d’un an de prison (Art. L 4372-1 - Exercice illégal).

Pour aller plus loin :


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